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Les artisans du verre

Si la fabrication du verre remonte à quelque 3 000 ans avant J-C, l'histoire du verre remonte, elle, à la préhistoire car le verre, en tant que matière, était déjà utilisé par l'homme il y a 100 000 ans avant notre ère.

Ce reportage présente l'évolution de la fabrication du verre à travers les âges ainsi que les nouvelles techniques par les artisans verriers au XXIème siècle

 

SOMMAIRE

INTRODUCTION

-          L’obsidienne

-          Fabrication du verre

TECHNIQUES DE FABRICATION TRADITIONNELLE

-          Le moulage

-          L’enduction sur noyau

-          Le soufflage

-          Le verre plat à vitre

-          Le verre soufflé « en manchon »

-          Le verre soufflé « en plateau »

-          La technique du vitrail

                       - Le carton
                       - La découpe
                       - La peinture
                       - La mise en plomb

UTILISATION DU VERRE

-          Les bouteilles

-          Les verres

LE CRISTAL

-          Verre ou cristal

-          Le cristal de roche

NOUVELLES TECHNOLOGIES

-          Le fusing

-          Le vitrail Tiffany

-          Le verre filé

                    - Fabrication de perles
                    - Sculptures en verre

-          Le verre soufflé

-          Le verre coulé ou moulé

-          Le verre thermoforme

 

INTRODUCTION

-          L'obsidienne

verre 1 miniC'est une roche naturelle, vitreuse et riche en silice. Elle est de couleur grise, vert foncé, rouge ou noire. Cette roche se forme suite à un refroidissement rapide de lave magnétique riche en gaz qui ne peuvent s’échapper à cause de la viscosité alentour et restent ainsi piégés dans la roche.

On trouve donc l’obsidienne dans des zones volcaniques.

Plus dure que le verre, l’obsidienne casse en éclats très coupants, ce qui en fait une arme redoutable. Les hommes préhistoriques l’avaient bien compris puisqu’ils s’en servaient comme matière première pour fabriquer leurs armes, mais aussi leurs outils, tout comme le silex.verre 2 mini

L’obsidienne et le silex n’ont en commun que leur apparence, leur dureté et leur faculté de donner des éclats très coupants. Le silex n’a rien de volcanique ; c’est une roche sédimentaire également siliceuse qui s’est formée au dépend du calcaire à partir d‘eau de mer.

verre 7 mini 
Hormis l’obsidienne, les tectites sont des fragments de roches fondues et expulsées en dehors du cratère lors de l'impact d'une météorite. Ils sont proches de l’obsidienne mais de forme plus arrondie et étaient, au paléolithique également utilisées, mais plutôt pour faire des bijoux.

Les fulgurites sont des morceaux de verre naturel amorphe produits lorsqu'un éclair tombe sur de la roche. Ces « pierres de foudre » ont souvent laverre 8 mini forme de tubes cylindriques (diamètre de 5 à 20 mm).
Le verre naturel ainsi formé est si impur qu’il est complétement opaque et n’a plus du tout l’apparence du verre.

-            Fabrication du verre

Comme cité plus haut, le début de cette fabrication remonte au 3ème millénaire avant notre ère. Ses procédés ont certes subi des modifications depuis cette époque mais les fondements restent les mêmes.

Le composant de base de la fabrication du verre est le sable ou plus précisément la silice qu’il contient. La silice est un matériau extrêmement courant puisqu’il représente plus de 60% de la masse de la croute terrestre continentale. On en trouve dans toutes les roches et donc dans tous les sables, Ceux qui en renferment le plus sont les sables quartzeux (99.5%).

verre 34 miniL’ennui est que la silice a la fâcheuse tendance à ne fondre qu’à des températures très élevées, supérieures à 1700°. Alors on lui ajoute des « fondants » qui sont des produits permettant d’abaisser la température de fusion. Dans le cas particulier, on ajoute de la soude, de la potasse et/ou de la chaux accompagnées de « calcin » (débris de verre). Le tout dans des proportions très précises en fonction de la qualité du verre que l’on veut obtenir. Le point de fusion descend alors autour de 1400°.
La composition du verre renferme entre 60 et 75% de silice en fonction de ce qu’on veut en faire.

D’autres éléments sont ajoutés en cours de fonte ou entre les cuissons selon le produit désiré. Des oxydes métalliques entrent également dans la composition au niveau de la coloration souhaitée du verre.        

Contrairement à la plupart des autres substances que nous produisons, le verre ne se cristallise pas en refroidissant. Il devient plutôt un liquide ultra-refroidi se comportant un peu comme le caramel ! Cela signifie qu’on peut manipuler le verre quand il est chaud pour lui donner toute forme voulue et qu’il conservera cette forme en refroidissant.

TECHNIQUE DE FABRICATION TRADITIONNELLE

-            Le moulage

Les premiers verres fabriqués par l’homme sont originaires de Mésopotamie, de Syrie ou d’Egypte.verre 3 mini
Personne ne sait réellement par qui ou dans quelles circonstances cette « invention » a été faite ; mais ce dont nous sommes certains est que les premières réalisations datent d’environ 3000 ans avant notre ère.
Réalisés selon la technique du moulage ces verres ne sont pas encore transparents ou translucides mais opaques, de couleur verte ou bleue comme le révèlent les colliers de perles ou les baguettes de verre de cette époque. Les moules étaient, le plus souvent, réalisés en argile.

Ce n’est que 1500 ans plus tard que, grâce à l’invention des fours permettant d’obtenir de plus hautes températures, que la matière est mieux affinée. Le verre devient translucide et n’est plus moulé. Il est désormais façonné avec la technique de « l’enduction sur noyau ».
C’est à cette période également que l’émail, cher aux céramistes, apparaît, teinté dans la masse grâce à l’ajout de certains oxydes métalliques.

-            L'enduction sur noyau

verre 4 miniElle a longtemps été pratiquée, du XVI° au I° siècle avant J-C d’abord en Mésopotamie, en Asie de l’Ouest puis dans tout le monde méditerranéen. Dans un premier temps, l’artisan façonnait un noyau d’argile mélangé à du sable auquel il ajoutait des matières organiques comme de la paille, de l’herbe, des feuilles, des graines ou même du crottin de cheval. Ce noyau était destiné à donner la forme de l’intérieur du récipient. Il y insérait une tige de métal et laissait l’ensemble sécher. Puis il immergeait le noyau dans un creuset rempli de verre en fusion tout en tournant la tige afin d’obtenir une répartition homogène. Col et anses étaient ensuite étirés à la pince et appliqués à chaud. La décoration usuelle était souvent faite de filets de verre appliqués à chaud en spirale, autour de la pièce, réchauffés pour s’intégrer à la masse, puis parfois “peignés” en vaguelettes. Après refroidissement, la tige métallique était retirée et le noyau, pulvérisé.

Cette technique permettait de fabriquer des pièces de petites dimensions (flacons à parfum ou à fards par exemple) mais certaines pièces plus grandes ont également été réalisées tel ce vase retrouvé en Mésopotamie

Cette technique archaïque est tombée en désuétude avec l’apparition du soufflage de verre qui est toujours d’actualité de nos jours.

-             Le soufflage  verre 6 mini

La technique du verre soufflé (1er siècle av J.C.) est originaire de la zone Syro-Palestinienne et se diffuse très rapidement. Elle est contemporaine à l’invention de la « canne à soufflet », indispensable pour ce type de travail.
Cette technique consiste à transformer, par soufflage, une masse de verre en fusion en bulle, puis en forme creuse quelconque. Son avantage est qu’elle permet de fabriquer des objets en verre plus facilement, plus rapidement et donc à moindre coût, principalement des récipients.

Cette découverte entraîne la naissance d’une forte industrie de verre dit « creux ».
Quant au verre destiné au soufflage, il est vraisemblablement élaboré dans la partie orientale de la Méditerranée (Egypte, Syrie) dans des « fours primaires » pouvant atteindre des températures de plus de 1500 degrés avant d’être acheminé ensuite par bateaux dans tout le bassin méditerranéen pour être refondu dans des « fours secondaires », nécessitant des températures plus basses, 5 à 600° pour la mise en forme par soufflage ou coulage.
Les romains se sont montrés les premiers maîtres dans l’Art du soufflage du verre en fabriquant divers vases et récipients très colorés et de très belle facture.

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-            Le verre plat à vitre

Il fut inventé au premier siècle avant J-C par les Romains. Il s’agissait de verre coulé sur du sable, des plateaux de bois ou des dalles en marbre poli. Ce verre était ensuite étiré grâce à des pinces avant qu’il ne refroidisse complétement.

verre 9 miniCette première technique de fabrication représentait un travail délicat, fastidieux et pénible de sorte que son usage était rare en cette période et plutôt réservé aux thermes et en moindre mesure aux riches demeures, notamment à Pompéi. Ces vitres anciennes sont légèrement ondulées et comportent souvent des petites bulles d’air (voir le carreau en haut à gauche ci-contre).

Un usage plus courant de son utilisation ne débute qu’à la moitié du premier siècle de notre ère.
Jusque-là, les fenêtres étaient obstruées par des peaux, panses ou vessies animales tendues et séchées. Le but était certes de laisser passer la lumière mais également de garantir une certaine étanchéité pour préserver l’habitat des intempéries et du froid.
Par la suite et durant le Moyen Age, de nouvelles techniques apparaissent pour fabriquer le verre à vitre. Si la base est toujours la même, de nombreuses améliorations sont apparues au fil des siècles.
Les toutes premières furent :

-            Le verre soufflé en manchon.verre 15 mini

Le principe était de souffler à la bouche une forme de grande bouteille. Une fois ses extrémités sectionnées, elle prenait alors la forme d’un cylindre. Ce cylindre de verre était ensuite fendu à l’aide tout d’abord d’une tige en métal préalablement chauffée au rouge puis, à partir de la fin du Moyen Age, avec un diamant. Létape suivante consistant à ramollir le verre pour l’aplatir dans un four prévu à cet effet. Cette opération provoquait des irrégularités de surface, déformations ou bulles ; La plaque de verre ainsi obtenue n’avait pas forcément la même épaisseur sur toute sa surface.

-            Le verre soufflé en plateau.

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1. On prélève une boule de verre liquide du four à l’aide d’un tuyau.verre 14 mini
2. La boule est gonflée en soufflant.
3. On l’aplatit ensuite en l’écrasant sur une plaque.
4. A l’extrémité de la boule on met une barre en fer nommée "pontil" en place du tuyau.
5. L’ouverture est agrandie au maximum ce qui crée une sorte de coupe.
6. La coupe est centrifugée dans un mouvement circulaire, créant ainsi un disque plat.
7. Le disque est découpé avec l’application du pontil et les parties planes sont prélevées séparément en forme de carreaux.

A partir de la fin du XIXème les techniques de fabrication du verre de vitre ont beaucoup évolué de sorte qu’actuellement cette matière apparaît comme une substance prépondérante et indispensable dans l’architecture en général.

-            La technique du vitrail

Si, durant l’époque romaine, le verre est utilisé pour la décoration des thermes et des villas, il s’agit, avant tout, de verre coloré ou peint. Le vitrail n’apparaît qu’au Moyen Age car, dès cette époque, le verre peut être teinté dans la masse en cours de fusion par adjonction d’oxydes métalliques spécifiques ; du cobalt pour le bleu, du cuivre calciné pour le rouge, du manganèse pour le jaune, du fer pour le vert, etc…

Le verre est préparé selon les techniques exposées plus haut (technique « en manchon » ou technique « en plateau »).

Le carton.
verre 29 miniLe maître verrier établit un dessin représentant la maquette du futur vitrail à moins que celle-ci lui sont imposée. Une fois la maquette achevée, il réalise « le carton » qui est le dessin en grandeur nature qui lui servira de guide tout au long de son travail. Tout y est précisé ; les contours et les couleurs des verres, les détails des peintures, ceux de l’armature métallique...
Il se peut également que des peintres reconnus réalisent eux-mêmes les cartons des vitraux qu’ils entendent voir réalisés.

La découpe
L’artisan prépare ensuite des éléments fidèles au carton qui lui serviront de chablon pour la découpe du verre. Il effectue le tracé à l’aide d’une pointe chauffée à rouge directement sur la plaque de verre.
L’opération est délicate car la coupe au diamant n’étant pratiquée seulement à partir du XV, XVIème siècle, on coupe le verre par choc thermique en promenant un fer rougi par le feu sur le tracé du contour de la forme. On jette ensuite l’élément dans l’eau glacée pour que le verre se casse, mais cette cassure est rarement nette et doit être reprise.

La peinture
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Une fois toutes les pièces découpées on peint au pinceau les personnages avec tous les détails d’après les éléments du carton.
Le choix des couleurs est particulièrement difficile car elles vont se modifier puisque le verre, une fois repeint, devra subir une nouvelle cuisson à environ 600 degrés.


La mise en plomb
verre 61 mini
Toutes les pièces sont ensuite nettoyées et replacées sur le carton précisément au bon endroit.
Des baguettes de plomb, rainurées de chaque côté, permettent d’y encastrer les plaques de verre. Le plomb étant très malléable, il est possible de suivre parfaitement les contours des pièces de verre.

verre 62 miniUne fois le vitrail terminé, on passe sur le verre un mastic liquide afin de boucher les interstices dus aux différentes épaisseurs du verre et on le brosse avec de la sciure pour enlever les résidus de mastics.

Une armature de fer est ensuite réalisée en fonction de la grandeur du vitrail pour le soutenir avant la mise en place.

Cette technique, datant du Moyen Age, est toujours utilisée de nos jours tant pour la création de nouveaux vitraux que pour la rénovation d’anciens mais elle a été améliorée au fil des année au niveau de la régularité des verres et de leur découpe surtout. Le matériel concernant la peinture est beaucoup plus fiable également.

A partir de la fin du XIXème siècle la conception du vitrail et les techniques de réalisation dans les églises changent en fonction des types de construction des édifices.

En voici deux exemples significatifs :

Ceux de Le Corbusier à la Chapelle de Notre-Dame-du-Haut, à Ronchamp jouent eux avec le béton qui les entoure ce qui donne une atmosphère encore différente        

      verre 30 mini                 verre 31 mini                verre 32 mini

                    lever du soleil                                     soleil de midi                                 coucher du soleil

Les vitraux de Fernand Léger, dans l’église du Sacré Cœur d’Audincourt sont horizontaux plutôt que verticaux et entourent presque entièrement l’édifice, ce qui modifie entièrement les jeux de lumière.

verre 33 mini

Nous parlerons plus loin des vitraux de plus en plus présents dans les maisons particulières mais qui sont souvent réalisés avec des techniques plus récentes, telles que le Tiffany, par exemple.

UTILISATION DU VERRE

Parmi les nombreuses utilisations du verre, de l’époque préromaine à nos jours, une des plus courantes se trouve, toujours et encore, dans le domaine des récipients. Leurs usages étaient multiples d’où leurs formes très différentes de même que les techniques utilisées pour leur fabrication.
Citons en vrac : les fioles et les flacons, les assiettes, saladiers et coupes, les vases, carafes et pichets ou les bougeoirs et pieds de lampe, etc…

Nous allons nous limiter ici aux deux récipients sans doute les plus courants : les bouteilles et les verres.

-            les bouteilles

Elles sont bien souvent associées au vin.
En effet, c’est depuis l’Antiquité que nous avons constaté que le vin ne développe toutes ses qualités que lorsqu’il est conservé à l’abri de l’air. Afin d’éviter que l’oxygène transforme l’éthanol et que le vin tourne au vinaigre, il fallait donc trouver des contenants permettant la conservation et la préservation du liquide.
verre 35 miniRapidement on utilisa de vastes récipients de terre cuite, posés sur le sol ou enterrés, pour permettre la fermentation du moût et la conservation du vin, les « dolia ». Mais la contenance pouvant atteindre jusqu’à 2 500 litres, il était alors difficile de les transporter ! Le vin était donc transvasé dans des amphores, plus légères et mobiles, des outres puis des tonneaux dès le 1er s avant J-C. Le tonneau sert non seulement à conserver et transporter le vin mais aussi et surtout à vinifier le moût.
Ce sont les romains qui soufflent les premières bouteille et cruches en verre pour contenir le vin mais pas pour le conserver.
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la production de bouteilles en verre est une pratique coûteuse réservée à une élite. La plupart des carafes et bouteilles trop minces et fragiles ne peuvent servir qu’à tirer le vin du fût jusqu’à la table et non pas pour un transport sur une grande distance.

Il faudra attendre le XVIIIe siècle et l’invention des fours à charbon par les Anglais pour que la fabrication de la bouteille de verre prenne une dimension commerciale et se généralise.

À l’époque, le vin en provenance du Continent acheté par les marchands était acheminé par de grands tonneaux. Afin d’écouler plus facilement la marchandise sur le marché domestique ils eurent l’idée de conditionner le vin en bouteille et très rapidement ils constatèrent que le vin s’y conservait beaucoup mieux qu’en tonneau.
verre 10 miniGrâce à leurs fours à charbons, les Anglais produisirent un verre noir très épais qui donna des bouteilles plus épaisses et résistantes avec une large base qui ont rapidement prouvé leur supériorité pour le transport et l’entreposage du vin.

Dès le début du XXème les bouteilles sont réalisées industriellement par des machines impressionnantes capables de souffler les bouteilles.

Si, de nos jours, la plupart des bouteilles sont moulées ou trempées ou pressées, certaines, renfermant plutôt des vins cotés sont toujours soufflées par des souffleurs de verre.

-            Les verres.

Comme les bouteilles, les « verres en verre » existent depuis l’invention du soufflage de verre, au 1er s. av J-C.
Selon la définition de Wikipédia un verre est un récipient utilisé pour boire, de forme tubulaire, dont les parois sont solidaires et hermétiques, et destiné à recevoir des liquides. Il est constitué d’un contenant, d’une jambe et d’un pied.
Avant l’invention du soufflage on pouvait donc parler de verres en bois, de verres en corne puis plus tard de verres en fer ou en étain.
verre 37 miniLes premières vaisselles en verre apparaissent en Egypte aux environs de l’an 1450 av. J-C. mais on ne parle pas encore de « verre à vin ».
Avant que le verre soit découvert on peut considérer que le vin était bu dans des verres en terre ou en bois ou en plomb et en argent chez les Romains.
Les premiers verres à vin possédant un pied apparaissent au XIVème siècle
A la même époque, sur l’île de Murano, les Vénitiens mettent au point leur technique qui devient mondialement connue ; le Verre de Murano, qui s’exporte bientôt dans toute l’Europe.

Au XVIIème siècle, cette technique passe les frontières et comme les fabricants de verre ont besoin d’une énorme quantité de bois pour chauffer et faire fondre le verre, certains d’entre eux migrent vers des endroits forestiers telle que la Bohême qui est devenue célèbre pour la bienfacture de ses verres.

LE CRISTAL


La découverte du cristal a été, comme beaucoup d’autres inventions, fortuite. Elle remonte au début du XVIIe siècle et a été faite en Angleterre. Mais la qualité du cristal que nous connaissons maintenant est apparue en fin du XVIIème avec la découverte du cristal de Bohême.

L'histoire du cristal est sans doute plus ancienne puisque des lentilles en cristal ont été utilisées pour les yeux du pharaon Rahotep, 26 siècles avant notre ère. Sans doute les premiers « verres de contact » !

Le cristal, comme le verre ordinaire, est constitué de silice mais, à la différence de ce dernier, on lui ajoute, pendant la fusion entre 25 et 40% de plomb.

verre 38 miniverre 39 miniAvantages du cristal sur le verre
La haute teneur en plomb du cristal :

Favorise la taille et le polissage à froid
Augmente son éclat
Augmente la période de malléabilité
Permet de travailler à une température inférieure
Permet d’être plus facilement gravé

Si le cristal est surtout utilisé dans les Arts de la table (verres, carafes, saladiers, assiettes, etc…), il est également bien utilisé dans l’Art de la décoration (vases, sculpture, bijoux, lustres, etc…)
Dès la fin du XVIIIème, les articles en cristal commencent à être fabriqués industriellement et de nombreux ouvriers sont associés à cette fabrication.

verre 40 mini

-            Verre ou cristal ?

Pour le néophyte, on peut différencier le cristal du verre simplement. Le cristal produit un son cristallin lorsqu’on passe un doigt humidifié sur le pourtour d’un verre ou lorsqu’on le tapote légèrement avec le bout de l’ongle. Un verre en cristal est aussi sensiblement plus lourd qu’un verre en verre.

Cristal et cristallin se caractérisent par une présence plus ou moins importante de plomb.
Depuis 1971, l'appellation cristal est contrôlée au sein de l'Union Européenne, en fonction du taux d'oxyde de plomb :

- à moins de 10% de plomb, il s'agit de verre.
- entre 10 et 24% de plomb, il s'agit de cristallin ou verre sonore.
- entre 24% et 30%, il s'agit de cristal.
- au-dessus de 30%, il s'agit alors de cristal supérieur ou riche en plomb.

-             le cristal de roche

Il n’a rien à voir avec le cristal présenté ci-dessus étant donné que le cristal de roche se forme naturellement.
verre 48 miniiLes cristaux de quartz se forment dans des fissures ouvertes des roches de composition granitique. C'est la circulation d'eau dans les profondeurs des roches qui aide à la cristallisation. A plusieurs km de profondeur, les roches sont très chaudes et l'eau qui y circule à haute température et à haute pression a le pouvoir de dissoudre un petit peu de silice (la matière chimique dont est fait le quartz). En remontant vers la surface, la température et la pression de cette eau diminuent et l'eau va abandonner petit à petit la silice sur les parois des fissures. Si toutes les conditions sont favorables, on verra alors se former des cristaux de quartz. Suivant la température de la roche, les cristaux sont parfaitement limpides ou blanc laiteux ou même la silice se dépose sous forme d'agate si température est trop basse.
le cristal de roche est surtout utilisé en lithothérapie pour ses vertus thérapeutiques voir magiques.

Pour terminer ce mini-reportage, nous allons présenter les nouvelles techniques utilisées par les artisans créateurs au XXIème siècle.

NOUVELLES TECHNIQUES

-            Le fusing

La fusion du verre (fusing) est une technique de verrerie dont les matières premières sont des morceaux de verre déjà fabriqués. Il faut assembler ces morceaux, les juxtaposer et les accoler à froid, puis mettre le tout dans un four pour porter les objets assemblés à leur point de fusion. L’ensemble qui sortira du four sera une seule pièce de verre homogène et fusionnée. Cependant, contrairement au processus de la fabrication du verre, le four ne doit pas produire longtemps la chaleur du point de fusion des morceaux de verre, le but n’étant pas de les fondre complètement mais de les amollir suffisamment (mais pas trop) pour qu’ils se collent et se fusionnent à leurs bordures.

Les verres qui sont assemblés doivent avoir nécessairement un coefficient de dilatation identique, c’est-à-dire que seuls les verres qui ont le même point de fusion sous l’action de la chaleur peuvent être utilisés dans une même opération faute de quoi il y aurait de forts risques que certains se fendent ou se cassent.

Le travail se fait en 3 étapes.

verre 46 mini1. La première étape consiste à couper les morceaux de verre et à leur donner la taille et la forme voulue. C'est un travail de haute précision car, dans le four, les morceaux de verre peuvent changer de place. Dans une production industrielle, tout est calculé avec une précision mathématique mais, dans les petits ateliers, c'est l'expérience du verrier qui lui permet de guider l'opération
2. Les morceaux de verre sont naturels ou déjà colorés mais parfois le verrier peut décider de colorier lui-même ses morceaux avec différents oxydes.
3. A l'étape suivante il faut mettre au four les morceaux assemblés sur la pièce principale, également en verre, préalablement préparée. Il ne s'agit pas de les faire fondre entièrement mais de les faire "fusionner". En contrôlant la température du four, il est possible de déterminer le taux de la fusion des morceaux.

Les techniques modernes de la fusion du verre se sont développées à une date assez récente. A partir de 1980, le fusing s'est répandu peu à peu aux Etats Unis, puis dans le reste du monde.

 

-            Le vitrail Tiffany

Cette technique d’assemblage de verre est proche de celle du vitrail traditionnel. Elle a été mise au point vers la fin du XIXème par un artiste américain, Louis Comfort Tiffany.

verre 71 miniLes procédés de coupe et les outils utilisés sont identiques à ceux de la méthode traditionnelle du vitrail. C’est l’assemblage qui diffère.
Contrairement au vitrail où les verres sont assemblés avec des tiges de plomb, ce sont des baguettes de cuivre qui réunissent les éléments de verre. Depuis peu, elles sont même autocollantes ou soudées avec de l’étain.
Cette technique permet entre autres de sertir de très petites pièces de verre ce qui exige une plus grande minutie dans la taille du verre.
Le vitrail Tiffany permet une plus grande souplesse en particulier pour réaliser des luminaires puisque les formes données peuvent être volumétriques.

La technique de taille et de sertissage du verre est également plus affinée puisque les pièces à assembler sont beaucoup plus petites.

-            Le verre filé

La technique du verre filé impose l’utilisation de baguettes de verre que l’on vient chauffer à la flamme d’un chalumeau. Le verre se ramollit à la chaleur et entre en fusion. Il devient ainsi malléable et est étiré en fil (d’où le nom de verre filé) pour être déposé sur un « mandrin ».
Cette technique permet de fabriquer soit des perles de verre soit des sculptures en verre extrêmement fines et précises.

verre 43 mini Pour la fabrication de perles, on utilise des tiges en métal appelées mandrins. On enroule donc le verre en fusion autour de ce mandrinperret mini 2 jusqu’à que sa forme et sa grosseur conviennent. On peut incorporer ensuite des incrustations à l’aide d’autres baguettes de couleur. Les décors et formes possibles sont infinis. Cette étape peut durer de quelques minutes à plus d’une heure, en fonction de la complexité choisie de la perle.

Pendant le processus de fabrication, on n’éloigne jamais la perle trop longtemps de la flamme afin de ne pas provoquer de choc thermique, ce qui fragiliserait la perle ou la briserait.

Une fois la perle terminée, on la passe directement du chalumeau au four afin de permettre la descente en température contrôlée : c’est la recuisson.

verre 41 miniUne fois la perle sortie du four, elle peut encore subir certains traitements à froid comme le dépolissage ou le taillage.

Une fois toutes les étapes terminées, on la retire du mandrin ce qui laissera apparaître les trous par lesquels on pourra l’enfiler sur un support choisi.

Concernant maintenant les sculptures en verre, la démarche est tout autre.verre 45 mini
Elle permet, grâce à une dextérité patiemment acquise dans le travail du verre au chalumeau, d’étirer le fil de manière à reproduire à perfection la fragile apparence des ailes d’une libellule ou de souligner les reflets irisés de la carapace d’un scarabée, par exemple.

verre 44 mini
Grâce à cette technique, les sculptures animalières en verre ont connu et connaissent toujours un certain succès puisque cette technique permet de souligner la fragilité des courbes et des lignes directrices de plusieurs insectes et cervidés entre autres.
Le verrier a également la possibilité de teinter tout ou partie de ses verres en fonction de ses réalisations.

 

 

-            Le verre souffléverre 52.mini

Cette technique existe depuis maintenant plusieurs siècles mais les objets réalisés ont évolué. Si, au Moyen Age, le souffleur de verre travaillait « en manchon » ou « en plateau » pour réaliser des verres à vitre, du verre plat ou divers récipients utilitaires, il est devenu maintenant un artisan créateur réalisant de véritables œuvres personnelles en associant souvent d’autres techniques à celle du soufflage telles que le verre filé ou moulé par exemple. Il utilise aussi fréquemment divers oxydes pour la coloration des verres utilisés.

-            Le verre coulé ou moulé

verre 50 miniLà également, cette technique n’est plus utilisée pour créer de grandes pièces qui sont réalisées actuellement industriellement mais plutôt pour créer des œuvres personnelles.
Les méthodes sont diverses. Le plus souvent le moule est fait de sable humide sur lequel on a « imprimé » une forme particulière. Le verre en fusion est ensuite sorti du four pour être immédiatement coulé dans le moule en sable. Celui-ci est alors remis au four de « recuisson » avant d’être démoulé et nettoyé

 

-            Le verre thermoformé

est également fréquemment utilisés pour la réalisation d’assiettes, de saladiers et de tout objets de décoration assez évasés. La technique est la suivante : L’élément de départ est une plaque de verre dont les dimensions et l’épaisseur sont à définir.
1- Le pourtour de la pièce à réaliser est tracé sur la plaque. Celle-ci est ensuite découpée avec un objet diamanté en respectant ce contour.
2- Le verre est posé sur un chablon en papier ou carton sur lequel le motif est dessiné ou celui-ci est réalisé à main levée, sans chablon
3- Le dessin est reproduit sur la plaque de verre et on remplit les motifs avec une peinture émail.
4- Vient le tour de la coloration du fond et des dégradés avec différentes poudres d’oxydes en fonction des couleurs désirées
5- On prépare le moule qui doit être d’une matière résistante à l’épreuve du feu en fonction de la forme désirée et on place ensuite le verre sur le moule avant l’enfournage à une température de 840°. Le verre va fondre et épouser les formes du moule jusque dans ses moindres détails de texture.
6- Après 6h de refroidissement on peut apprécier le résultat.

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 André Beuret

Vos précisions et compléments à ce reportage seront reçus avec intérêt sur Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

REFERENCES:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_verre

http://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/physique-traitement-dechets-nucleaires-avenir-857/page/3/

http://www.reverie-d-art.com/pages/techniques-et-histoire-du-verre/techniques-et-histoire-du-verre.html

http://www.verreonline.fr/encyclopedie/doc/hist2-Richet.pdf

http://universduverre.free.fr/dossiers/histoire-du-verre-4.html

http://www.centre-vitrail.org/fr/musee-du-vitrail/la-technique-du-vitrail/le-verre-plat-fabrication-et-histoire-des-techniques/

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http://sitecoles.formiris.org/userfiles/files/sitecoles_2604_1.pdf

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