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Histoire de la poterie, du paléolithique à nos jours

Si la prostitution est le plus vieux métier du monde, le potier exerce sans aucun doute le plus vieux métier artisanal de la planète car si la poterie s'est bien développée au néolithique, elle était déjà présente au paléolithique, il y a quelque 30 000 ans.

Nous allons retracer ici les étapes du développement de ce savoir-faire.

Préambule

La différence entre un céramiste et un potier n’est pas claire dans l’esprit de chacun si ce n’est que tous deux travaillent la terre. Si le métier de potier existait déjà au paléolithique, celui de céramiste est beaucoup plus récent.photo 1 mini

Essayons de clarifier cette « distinction » en interrogeant Monsieur de la Palisse :
« Un céramiste fait de la céramique alors qu’un potier fait de la poterie ». Ok…merci…

Qu’en pense, maintenant, Monsieur Larousse; concernant la céramique :
« fabrication d’objets en terre cuite, faïence, grès, porcelaine ».
et maintenant concernant la poterie :
«  fabrication de vases, de plats, de cruches, d'ustensiles divers de grès, de terre à cuire ».

Selon d’autres sources;  « le ou la céramiste maîtrise toutes les étapes de la fabrication d'objets en terre cuite (grès, faïence, porcelaine, etc.), de la conception de la forme à leur commercialisation alors que le potier a pour spécialité de fabriquer et/ou de vendre des poteries, en particulier en terre cuite ».

Si on recherche maintenant ce que fait un faïencier, la définition du dictionnaire est la suivante :
« Personne qui fait ou vend de la faïence. Synonyme : céramiste, potier" (ça ne nous aide pas beaucoup !)

Et cela est sans compter qu’il existe également des « potiers d’art » ! (Ils vont où ceux-là !)

Notre conclusion est donc la suivante : Dans ce reportage, nous utiliserons les notions de potiers et de céramistes indifféremment sans se soucier de la matière travaillée et/ou des pièces réalisées.

SOMMAIRE

la poterie au paléolithique

La poterie au Néolithique

Les techniques de travail

Le montage en colombins
Le modelage
Le travail à la plaque

Ancêtres du tour de potier

La tournette
Le tour à main
Le tour à manivelle
Le tour à bâtons
Le tour à pied

L'argile

Les 4 grands types d’« argiles à céramique »

La terre cuite

La faïence

Le grès

La porcelaine

La technique du Raku

L'émaillage

La cuisson

L'enfumage

Le refroidissement et séchage

Glossaire se rapportant à la céramique, à la poterie

 

La poterie au Paléolithique.

Il est difficile d’affirmer que les hommes du paléolithique supérieur fabriquaient de la poterie. Mais il est certain qu’à cette époque déjà, ils utilisaient la terre humide réduite à l’état de pâte ou de boue, au bord des cours d’eau, pour façonner diverses figurines ou récipients qu’ils laissaient sécher à l’intérieur d’une grotte par exemple ou plus simplement au soleil.
Ils ont aussi également remarqué qu’une terre travaillée qui était laissée près du feu devenait plus dure et plus solide et surtout insoluble.

cuisson miniSi on pense que l’homme de cette époque « travaillait » déjà la terre, c’est parce que des tessons de terre modelés en vases ou ustensiles de stockage ont été retrouvés dans des grottes ou abris rocheux.
Au paléolithique supérieur, les hommes préhistoriques connaissaient déjà le feu, pour se chauffer ainsi que pour cuisiner. Ils pouvaient donc l’utiliser pour cuire tant bien que mal leurs poteries mais la plupart de leurs réalisations restaient éphémères, puisque non ou mal cuites, donc très fragiles.

 

venus miniD’autre part, un modelage non cuit, vieux de quelque 14’000 ans représentant 2 bisons et réalisé à même le sol avec debisons mini l’argile et mesurant plus de 1m20 de longueur a été découvert en France en 1912, dans la grotte du Tuc d’Audoubert, commune de Montesquieu. Précisons tout de même que relativement peu de poterie en bon état datant du paléolithique ont été retrouvée en Europe. La plus connue est la Vénus de Dolni, en République Tchèque. Cette figurine est la plus ancienne céramique connue. Elle date de 25'000 ans. Elle est haute de 111 mm et sa largeur maximale est de 43 mm. Elle est faite d'argile et cuite à une température assez basse.

 

 La poterie au néolithique.

Jusqu’à la fin du paléolithique, les groupes humains étaient itinérants. C’était des chasseurs-cueilleurs qui se déplaçaient au gré des saisons par rapport aux conditions atmosphériques.

A partir du début du néolithique (11'700 avant J.C), les hommes deviennent sédentaires. Ils s’établissent dans une région qui leur convient, construisent des maisons et s’organisent socialement par villages. Ils se consacrent de plus en plus à l’agriculture et à l’élevage.
Dès lors le besoin de posséder des récipients pour le stockage des graines, des légumes et pour la conservation de repas cuisinés encourage le développement de la poterie et les améliorations dans ce domaine sont très rapides quoique le tour n’a pas encore été inventé.

Les différentes techniques de travail de l’époque sont les suivantes : Le montage en colombins, le modelage, le travail à la plaque. Le tour apparaîtra seulement à La Renaissance..
Ces trois techniques utilisées depuis le néolithique sont toujours d’actualité de nos jours car encore utilisées assez régulièrement par les potiers contemporains. On ne peut donc parler d’une chronologie des techniques de travail.

Les techniques de travail

Ces techniques sont décrites selon leurs applications actuelles et non pas selon celles qui étaient appliquées au néolithique qui étaient sans doute très différentes selon les régions, même si les bases étaient les mêmes.

Le montage au colombins.

Tout d’abord il faut extraire de l’argile sur les berges des rivières ou sur les versants des vallées et le préparer ; il faut le filtrer pour enlever les grosses impuretéscolombin mini, ajouter ou enlever de l’eau et incorporer du dégraissant (silex ou ossements, quartz, paille, poils de chèvre, pilés ou malaxés).
Il est clair qu'actuellement presque tous les potiers achètent leur argile déjà préparé.
Le" potier" confectionne alors des boudins appelés "colombins" en roulant l’argile avec la paume de ses mains. Il les superpose ensuite en les pressant les uns contre les autres en lissant la surface à l’extérieur comme à l’intérieur au fur et à mesure que s’élève la pièce depuis la base jusqu’à la partie supérieurs. La base est faite soit d’une plaque d’argile soit également de colombins.
Une fois la pièce terminée, le potier, à l’aide de galets et de planchettes, va lisser, comprimer et égaliser les parois de sa céramique qu’il peut alors décorer avant de la cuire.

Si le montage en colombins a été inventé au néolithique, il est toujours d’actualité. Certains ateliers l’utilisent encore. Il s’agit, par exemple de ceux qui confectionnent de grandes jarres ou amphores. Le colombin obtient même un regain d’intérêt chez certains potiers qui retrouvent dans cette technique davantage de liberté et de diversité dans leurs créations.

           colombins 3 mini                              colombins 4 mini                              colombins 5 mini

Le modelage

Cette technique, qui semble être la plus simple ne l’est pas en réalité. On peut certes modeler toutes sortes d’éléments tels que, des vases, bols, pots ainsi quemodelage mini des sculptures; personnages, animaux, etc… Si on laisse son modelage sécher à l’air, il va gentiment rendre son eaux et pourra être exposé sans risque qu’il se désintègre, quelques éventuelles fissures mises à part.
Par contre si on a l’intention de le cuire et éventuellement de l’émailler, certaines règles seront à respecter. L’épaisseur de l’argile devra être constante pour toute la réalisation et ne devra pas dépasser 1 cm. Cela n’est pas un gros problème pour des objets utilitaires tels que bols ou vases mais ça devient plus problématique pour une sculpture par exemple où l’utilisation de mirettes est indispensable pour enlever le surplus de terre à certains endroits.
Pour une sculpture de grandes dimensions, il est conseillé d’utiliser une terre chamottée qui rendra la réalisation moins plastique. La pose d’un éventuel support à l’intérieur est également recommandée pour éviter que son modelage ne se déforme.

               modelage2 mini                                     modelage 5 mini                                    modelage 10 mini

Le travail "à la plaque"

Ce procédé pourrait s’appeler technique du rouleau à pâte ! En effet ; un morceau d’argile bien malaxé est posé sur la table de travail et est étendu à l’aide d’un rouleau en bois comme si on voulait faire un gâteau. L’important est que l’épaisseur soit régulière; de préférence entre 1 et 2 cm. Pour ce faire, il est possible de poser des lattes en bois de la bonne épaisseur autour du morceau d’argile sur lesquelles le rouleau pourra se déplacer. plaque mini
Une fois l’argile complétement étendue, on découpe des rectangles de terre correspondant aux gabarits  préparés préalablement en fonction de la pièce à réaliser. Le solde d’argile est récupéré à chaque fois. Il est à nouveau malaxé, humidifié et prêt à être réutilisé. Une fois que toutes les pièces ont été préparées commence alors le montage et l’assemblage. Il est important d’humidifier régulièrement les plaques d’argile avant de les assembler. L’assemblage se fait en rainurant à l’aide d’une fourchette par exemple toutes les surfaces qui vont être assemblées, après les avoir recouverts de barbotine. Les imperfections sont alors égalisées avec une spatule. Un mini colombin peut être utilisé pour cacher les lignes de collage.

           plaque 1 mini                                     plaque 3 mini                                   plaque 2 mini                   

Il existe une quatrième technique appelée le coulage ou le moulage. La terre, beaucoup plus liquide que pour les autres techniques est alors coulée dans un moule en plâtre et une fois la terre sèche le moule est retourné ou ouvert pour libérer la pièce qui peut alors être cuite. Cette méthode est surtout utilisée dans les manufactures fabriquant de la poterie mais là, on est à la limite de l’artisanat de création.

Ancêtres du tour de potier

L’invention du tour de potier à pied que l’on connaît maintenant ne s’est pas fait en 1 tour de main !
Quatre ou cinq siècles avant J-C, les potiers de l’époque ont réalisé que si leur plan de travail pouvait tourner sur lui-même, leur tâche serait grandement facilitée. La question était de savoir comment y parvenir. Des prototypes de « tours » se sont alors multipliés entre cette période et La Renaissance, période à laquelle le tour à pied est apparu.
En voici quelques exemples :

La tournette tournette mini

Cette installation de petite envergure, datant du 2ème millénaire avant notre ère et réalisée en Egypte nécessite de très fréquentes "relances", son inertie étant insuffisante. On peut aussi y travailler d’une main, l’autre étant essentiellement occupée à la rotation.

Le tour à main

Cette image reprise d’une peinture sur un vase grec date des 7ème et 6ème siècle avant J-C. La roue de ce potier est tout-à-fait conformetout main mini aux roues pleines qui équipaient les chariots romains de cette époque. Le moyeu a été rallongé pour éviter les oscillements latéraux. Le potier pouvait travailler seul en effectuant régulièrement des "relances" ou avec un assistant.

Le tour à manivelle

Comme le précédent, ce tour nécessite la présence de 2 personnes. Un tourneur et un aide chargé de « tourner la manivelle ». La rotation du tour est, cette fois,tour maniv mini continue. L’artisan peut être complétement concentré sur son ouvrage. La vitesse du tour dépend de la grandeur de la roue actionnée par la manivelle.
Ce fut, dans certaines régions, le début du tournage en série. On pouvait imaginer 2 aides tournant la manivelle pour actionner simultanément 2, 3 voire 4 tours.

Le tour à bâtons

tour baton 1 minitour baton 2 miniIl est fait d’une roue en bois avec des rayons, semblable à celle d’une charrette. Au centre de la roue se trouve une plate-forme circulaire sur laquelle le potier pose l’argile à tourner. L’ensemble repose sur un pivot de bois. Le tourneur commence par faire tourner la roue avec un bâton le plus rapidement possible. Une fois le bâton déposé, les deux mains sont libres pour le tournage.

 


Le tour à pied

tour a pied 1 minitour pied 2 miniDes dessins de tour à pied ont été fait durant l’époque romaine mais rien n’a été retrouvé concrètement. On ne sait donc pas qui est l’inventeur de cette « machine ».
C’est seulement à La Renaissance que le tour à pied tel que nous connaissons maintenant est apparu et s’est développé

 

Au vingtième siècle sont apparus les tours électriques

L'argile

C’est la matière première du potier. Pas de poterie sans argile. La question se pose donc :C’est quoi, l’argile ?

C'est de la poussière de roche qui, pendant des millions d’années, grâce à l'action du vent et de l'eau se retrouve dans les rivières puis dans les fleuves sous forme de limon et de vase avant de se déposer au bord des cours d’eau ou directement au fond de la mer. Ces alluvions, une fois séchés forment donc ce que nous appelons l’argile.
L’altération des roches, aussi appelée érosion, peut être due à l’action mécanique du vent ou de l’eau et même de la température. Les phénomènes de gel et de dégel désintègrent les roches en les fractionnant petit à petit en particules. De plus, l’eau de pluie parfois acide, provoque un remaniement de la roche via des réactions chimiques.

Les minéraux contenus dans l’argile sont : le feldspath, le groupe magnésium-fer, le quartz, ou encore les micas pour ne citer que les plus connus.

On devrait du reste parler "des" argiles puisqu’elles sont issues de roches différentes et n’ont donc pas toutes les mêmes propriétés.
On en trouve énormément au fond des vallées ou sur leurs versants, dans les grandes dépressions, dans la mer et les lacs mais pas facilement au sommet des montagnes !
On peut alors se poser la question : y a-t’ il de l’argile dans mon jardin et où se trouve-t-il ?
Le sol se divise en différentes couches nommées : « les horizons »

En surface, on trouve la « terre végétale » ou « humus ». C’est dans cette couche que l’on sème nos haricots et poireaux ; elle est très riche en substanceshumus 2 mini organiques. Tout au fond, il y a « la roche mère » sur laquelle tout repose. Entre les deux se trouve une couche d’épaisseur variable plus ou moins organique puisqu’au contact de la terre végétale et devenant minérale et inerte en se rapprochant de la roche mère. C’est dans cette couche que se trouve l’argile, en quantité plus ou moins importante.
Si, à la surface de votre jardin, les flaques d’eau stagnent avant de s’infiltrer, cela signifie peut-être que c’est un lit d’argile qui retient cette eau sous la surface ! Encore faut-il que cette argile soit de bonne qualité pour le travail de la poterie !

 

En certains endroits, la couche d’argile est si importante que de véritables carrières ont été aménagées.

 

carriere mini

 

Si l‘argile reste sur le lieu où elle s’est formée, sans avoir été mélangée avec d’autres composant, on parle d’argile primaire, de couleur blanche alors que si ces poussières ont été déplacées par des intempéries, il s’agit d’argile secondaire. Dans ce cas, sa couleur varie entre le vert, rouge, rose, bleu, violet, brun en fonction, en partie, des minéraux intégrés lors de ces déplacements.
C'est l'argile primaire que l'on utilise pour la porcelaine

Pour davantage de renseignements sur cette ou plutôt ces structures, nous vous invitons à parcourir le site suivant :  https://www.compagnie-des-sens.fr/puissance-des-argiles/
Attention ce n’est pas un roman à l’eau de rose. Avant de cliquer, préparez-vous un bon thé ou une petite absinthe et installez-vous confortablement. L’article en question est bien vulgarisé mais tout de même, il faut un peu s’accrocher !!!

Si l’argile est indispensable dans le domaine de la poterie, elle l’est aussi dans une multitude d’autres domaines. Notre planète, sans argile, serait complétement différente

L’argile a été et est encore beaucoup utilisée dans le domaine de la construction. Les briques sont en argile de même que les tuiles. On la trouve également dans les parois des immeubles, pour les planelles, catelles, ainsi que dans l’équipements des salles de bain, cuisines, etc ….

Les argiles utilisées par le potier sont au nombre de quatre : La terre cuite, La faïence, Le grès, la porcelaine

Les 4 grands types d’« argiles à céramique »

La terre cuite

La terre cuite est une terre d’argile utilisée pour réaliser des poteries, des sculptures et pour la fabrication de matériaux de construction, briques, tuiles ou carreaux. Sa température de cuisson oscille entre 800 et 900°C C’est la terre la plus commune, recouvrant une bonne partie de la surface de notre planète. Elle est de couleur brun/rouge, riche en oxyde de fer.

Les terres cuites sont brutes, Elles ne sont jamais recouvertes d’émail mais éventuellement de glaçures. Elles peuvent également être décorées avec une terre de couleur différente. Elles sont parfois aussi peintes ou cirées.

Les avantages de la terre cuite.

  • Elle se trouve facilement un peu partout à condition de la filtrer.

Les désavantages de la terre cuite.

  • Elle reste poreuse puisque non émaillée.
  • Elle est donc fragile au gel..

          terre cuite 1 mini                              terre cuite 2 mini                              terre cuite 3 mini

La faïence

La faïence est à la base une terre argileuse qui peut être de différentes couleurs en fonction des oxydes de fer qu’elle contient. Elle subit deux cuissons. Après la première, elle devient une terre cuite que l’on nomme biscuit ou dégourdi. Elle est alors émaillée et cuite une deuxième fois à la même température que la première, autour des 1000 °C. C’est certainement un des plus anciens mélanges qui est utilisé pour la création de céramique.

Poreuse, opaque et très fragile, la faïence doit obligatoirement être émaillée pour être étanche. Il est possible d’ajouter des oxydes ou des pigments à l’émail pour le colorer. Il est également possible de la recouvrir de barbotine à laquelle on ajoute des pigments.
Principalement utilisée dans la confection de vaisselle ou de carrelage (catelles en Suisse !), elle permet également la réalisation d’objets de décoration divers.

Les avantages de la faïence :

  • Moins de déformation à la cuisson.
  • Moins de retrait à la cuisson et au séchage.
  • Importante variété d'émaux.

Les inconvénients de la faïence :

  • La terre reste poreuse, il est donc obligatoire de l'émailler pour une utilisation alimentaire.
  • La faïence est très peu résistante au gel ce qui la rend fragile pour des décorations à l’extérieur.

          faence 1 mini                              faence 2 mini                              faence 3 mini                             

Le grès

Le grès est un terme à double sens :
- C’est une roche sédimentaire dont les grains sont unis par un ciment.
- C’est aussi une terre glaise mêlée de sable qu'on utilise pour la poterie
Si la roche sédimentaire est très utilisée dans la construction, dans les bordures, la glaise mêlée de sable permet donc de faire de la poterie Pour éviter toute confusion, on l’appelle le grès cérame.

Le grès cérame est donc une argile prévue pour être cuite à haute température. Si la température de la première cuisson est semblable à celle de la faïence (env. 900°C), la deuxième cuisson se situe entre 1200°C et 1300°C.

La caractéristique principale du grès cérame est sa solidité et sa résistance. Pendant la deuxième cuisson en haute température, le grès va vitrifier. Cela signifie que la terre va se fermer. Ses pores se remplissent de molécules entrées en fusion et sont ainsi comblés. Le grès ne sera donc plus du tout poreux, même si on ne lui a appliqué aucun émail.

Le grès peut être fabriqué avec des terres de couleur rouge, blanche, brune, grise ou noire, indifféremment ; mais plus la température de cuisson est élevée, plus le grès sera sombre.

Or la poterie, le grès est également utilisé pour la fabrication de carrelages, de vaisselles ou de pièces sanitaires.

Les avantages du grès :

  • Les pièces réalisées seront très solides, elles pourront résister au gel.
  • La terre sera "fermée" ce qui la rendra non poreuse même sans émail.

Les inconvénients du grès :

  • Les déformations à la cuisson sont plus importantes que pour la faïence.

          grs mini 1                              grs mini 3                              grs mini 2

La porcelaine.

La porcelaine nous vient tout droit de Chine où elle fut produite pour la première fois entre 25 et 220 ap. JC. .Elle est le résultat d’un procédé de fabrication qui part d’un mélange d’argile blanc, le kaolin, mélangé à du quartz et du feldspath. Après coulage dans des moules, la cuisson se fait à plus de 1 200 °C.

Dans les grandes manufactures de porcelaine, celle-ci est moulée ou coulée.
Il est également possible de la tourner mais cela nécessite un apprentissage particulier car la terre est plus fluide que la terre normale. La porcelaine tournée sera donc plus épaisse que celle moulée alors que les réalisations en porcelaine doivent être très minces pour être translucide.

Plus la cuisson est élevée plus l’aspect translucide de la porcelaine est renforcée. Il faut néanmoins ne pas cuire à des températures beaucoup trop hautes sous peine d’avoir un objet très fragile.

La porcelaine reste de couleur blanche grâce à la présence du kaolin et peut être ensuite peinte.
Elle est majoritairement utilisée dans les arts de la table et a acquis ses lettres de noblesse grâce à des manufactures renommées.
D’apparence très délicate, la porcelaine, qu’elle soit sous forme de vaisselle ou de pièces décoratives, est gage d’élégance et de bon goût.

Les avantages de la porcelaine :

  • Les pièces sont solides, elles pourront résister au gel
  • La terre sera "fermée" ce qui l'a rendra non poreuse même sans émail
  • La couleur est très blanche, voire translucide

Les inconvénients de la porcelaine :

  • Les déformations à la cuisson sont très importantes. Les erreurs (mauvais geste, déformations,...) lors de la fabrication réapparaissent après la cuisson finale, on parle de « mémoire de la terre »
  • La porcelaine est beaucoup plus difficile à travailler au tour.

          porcelaine 1 mini                              porcelaine 2 mini                              porcelaine 3 mini

 

La technique du Raku

Le raku est le résultat d'une technique d'émaillage développée dans le Japon du XVIème siècle.
Dans la tradition japonaise, le potier invitait ses amis et chacun créait son bol et le cuisait. Le temps de cuisson étant rapide, les participants l’inauguraient immédiatement à l’occasion de la cérémonie traditionnelle du thé qui suivait.

raku 0
Le raku est exporté en Occident au début du XXème siècle. Cette technique déclenche un engouement des céramistes occidentaux pour sa liberté d’expression et son caractère de pièce unique. Il y perd son côté spirituel et philosophique mais garde la magie de l'évolution de chaque pièce qui apparaît lors du défournement.

Si les premières étapes de la création d’un objet sont sensiblement les mêmes en fonction de la technique utilisée (traditionnelle ou raku), les dernières étapes sont, par contre, très différentes.

La technique de travail (modelage, colombins, plaque ou tour) est pareille, à la différence que, dans le cas du raku, la terre, principalement du grès, est très souvent chamottée afin de mieux supporter les chocs thermiques.
La phase de séchage qui dure de plusieurs jours à plusieurs semaines en fonction de la taille et de l’épaisseur de l’objet n’est pas différente non plus.
idem ensuite pour le biscuit qui, dans le cas du raku, doit s’effectuer entre 800 et 850 °C.

Les grandes différences se situent au niveau de l’émaillage, de la cuisson, de l’enfumage et du refroidissement.

L’émaillageraku 16 mini

Les émaux utilisés pour le raku sont différents de ceux utilisés pour la poterie traditionnelle. Ils sont composés, en principe de céruse, de minium, de silice, de kaolin et de borax.
Selon les effets recherchés, les couleurs peuvent être associées, ou recouvertes partiellement.
l’épaisseur de l’émail joue un rôle important sur le réseau de tressaillage sur la surface.
On peut également aménager des zones d’argile non émaillées.  Elles deviennent sombres en contrastant avec les zones émaillées. C’est une des caractéristiques du raku.

La cuisson

raku 8 miniGénéralement cette deuxième cuisson se fait à une température légèrement inférieure à 1000°C, pendant 1 à 2 heures.
Le four est de préférence installé à l’extérieur. On peut l’acheter dans un commerce spécialisé mais on peut également le construire soi-même moyennant l’achat de certains accessoires indispensables.
Il est important, lors de l’enfournement de bien espacer les pièces pour pouvoir les sortir à l’aide de pinces en métal, le moment venuraku 10 mini.
Pour le désenfournement on ouvre le four en pleine cuisson et les pièces sont totalement incandescentes contrairement aux cuissons classiques où l’on attend que le four soit complètement refroidi avant de sortir les pièces. 

L’enfumage

raku 9 miniC’est peut-être là le moment le plus périlleux et pénible. Il faut, à l’aide de pinces en métal sortir les pièces en fusion du four et les plonger séparément et immédiatement dans des récipients en métal en les recouvrant de matières inflammables naturelles: de la sciure de bois compactée, des copeaux ou même de la paille. Cela a pour effet de modérer la combustion en limitant l’apport d’oxygène au contact de l’émail en fusion. La fumée va alors envahir les craquelures et les faire ressortir. Après une vingtaine de minutes, on asperge le tout d’eau pour arrêter le processus ou élargir les craquelures.
On peut également, sans enfumage, laisser les pièces quelques minutes à l’air avant de les plonger dans l’eau. Le résultat sera différent.
Elles sont ensuite refroidies brutalement dans de l'eau, brûlées ou encore laissées à l'air libre. Les  pièces subissent donc un choc thermique important. C’est pour cette raison qu’on utilise une terre chamottée, principalement du grès qui résiste bien aux chocs thermiques.

Le refroidissement et séchage

C’est lors de cette phase de refroidissement que les principales caractéristiques de ce type de céramique vont apparaître.
Le dessin obtenu ne se découvre que plus tard, lorsque les pièces sont nettoyées, avec beaucoup d’huile de coude ! des cendres qui les enveloppent. Les surprises sont souvent étonnantes car les craquelures se font de manière totalement aléatoire et certains émaux de couleur rendent des effets métalliques dont l’éclat et les nuances sont des plus surprenants ! Chaque pièce est unique au monde ! Même si on refait 10 fois, 20 fois, le même cheminement, on n’obtient jamais les mêmes craquelures ; c’est là toute la singularité de cette cuisson et donc son intérêt.

 

Glossaire se rapportant à la céramique, à la poterie

Barbotine :
La barbotine est de la pâte d’argile délayée dans de l’eau.
Elle permet de coller entre eux des éléments de poterie façonnés séparément. Par exemple les anses d'un vase sont modelées séparément, puis assemblées à la barbotine sur le corps du vase tourné. Idem pour des éléments décoratifs préalablement modelés

Biscuit :
Un biscuit est une terre cuite, un grès ou une porcelaine sans glaçure (sans émaillage), après une première cuisson
Le biscuit de porcelaine présente un blanc mat imitant le grain du marbre ou du plâtre et n'a alors d'autre ornement que sa forme et ses reliefs alors que pour les autres terres cette première cuisson est très souvent suivie d’un émaillage et d’une deuxième cuisson.

Chamotte
La chamotte est une argile brute cuite à une température d’env. 1300°C puis broyée et tamisée en fonction de la grosseur désirée des morceaux d’argiles concassés (granulométrie).

Une terre chamottée est une terre lisse dans laquelle on a ajouté de la chamotte.
Si on ne dispose pas de chamotte, l’argile peut aussi être mélangée avec du sable de rivière.

La chamotte est surtout utilisée en sculpture de grandes pièces afin de prévenir tout affaissement.
Elle facilite également le séchage en évitant les déformations et les fentes qui peuvent survenir après la cuisson.

Couverte
Une couverte est un émail transparent et brillant qui permet simplement d’imperméabiliser une pièce déjà tournée

Dégourdi
Synonyme de biscuit

Email
Un émail en céramique est un liquide visqueux qui a la propriété de se vitrifier à haute température. Il peut être de différentes couleurs.
Cela correspond à une couche de verre qui recouvre les pièces et leur donne ainsi de nouvelles propriétés :

  • L’émail céramique est imperméable
  • Il est très résistant et stable dans le temps
  • Il résiste très bien aux intempéries (feu, humidité, soleil, eau)
  • Selon sa composition il peut rendre les pièces propres à la consommation alimentaire.

Engobe
Un engobe se différencie d’un émail par sa forte teneur en argile. Le décor à l’engobe est une technique différente que l’émaillage qui était utilisée avant l’apparition de l’émail mais qui a toujours cours aujourd’hui. Cette technique peut être utilisée à la louche, au pistolet, au pinceau.

Fondant
Le fondant est une matière mélangée à l’argile ou autre pâte céramique afin d'abaisser son point de fusion.

Glaçure 
Synonyme d’émail mais sans couleur

Mirette
Outil allongé en bois muni d'une boucle en métal à chaque extrémité que l'on utilise pour amincir une poterie déjà tournée ou modelée.

Retrait
En céramique, le retrait correspond à la diminution du volume des pâtes céramiques et des terres à cuire résultant du séchage ou/et de la cuisson.

Plastique
Caractéristique d'une matière qui est malléable, c'est-à-dire qui peut prendre des formes variées et qu'on peut modeler aisément comme l'argile.

Tesson
Matériau céramique non cuit. C’est donc comme un biscuit, mais pas cuit.

Tressaillage
Apparition de fissures dans la couche d'émail causées par la différence de dilatation entre l'émail et le tesson

 

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                                                                                                                                                                            André Beuret

 

 

Références

 https://chatpotier.com/cuisson-raku/

https://www.cigaleetfourmi.fr/content/23-initiation-raku

https://cathceram.wordpress.com/technique-ceramique-raku/cuisson-enfumage/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_c%C3%A9ramique

https://www.terresdeprovence.org/techniques-ceramique/surface-poterie-ceramique.php

https://www.le-blog-du-bol.fr/argile-ceramique/


https://petitesperles.com/porcelaine-faience-argile-et-gres-differents-types-de-poteries/

https://ceramica-ch.ch/fr/glossary/argile/#q=*%3A*

https://www.latelierdescreateurs.com/blog/porcelaine-faience-ceramique-difference/
 

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