Reportages, articles abordant les thèmes de l'artisanat et des artisans

Le cuir: de la préhistoire à aujourd'hui.

chapeau

Le travail du cuir a depuis toujours passionné des générations d’êtres humains. Si, dans la préhistoire, les peaux de bêtes étaient utilisées directement sans préparations préalables, des techniques de plus en plus sophistiquées sont apparues pour donner naissance au « cuir » proprement dit qui fut énormément utilisé par la suite et l’est encore actuellement.

Le mini-reportage qui suit essaie de narrer les étapes les plus importantes de cette activité artisanale devenue de plus en plus industrielle.

SOMMAIRE

AU PALÉOLITHIQUE

LE TANNAGE A LA FUMÉE
LE TANNAGE VÉGÉTAL (1)

AU NÉOLITHIQUE
A LA FIN DE L'ANTIQUITÉ, DÉBUT DU MOYEN-AGE

LES 7 ÉTAPES DU TRAVAIL "DE LA RIVIERE"

      - Le retaillage
      - Le reverdissage
      - L'épilage ou pelanage
      - L'écharnage
      - Le chaulage
      - Le confitage
      - Le dégraissage

    LE TANNAGE A L'HUILE
    LE TANNAGE VÉGÉTAL (2)
    LE TANNAGE AU CHROME
    DU CUIR TANNÉ AU CUIR FINI

       - Le dérayage
       - Le veloutage
       - Le lissage ou satinage
       - Le grainage
       - le liégeage

EN 2021

    LE CUIR ISSU D'UN TANNAGE VÉGÉTAL OU D'UN TANNAGE MINÉRAL; QUELLES DIFFÉRENCES ?
    D'OU PROVIENT LE CUIR ET POUR QUOI EST-IL UTILISÉ ?
    LES DIFFÉRENTES SOURCES DU CUIR

        - Les peaux de vaches
        - Les peaux de porcs
      - Les peaux de chèvres
      - Les peaux de moutons
      - Les peaux de cerf
      - Les peaux de bisons et buffles
      - Les peaux d'autruches
      - Les peaux de crocodiles et d'alligators
      - Les peaux de serpents
      - Les peaux d'anguilles

LE CUIR, TOUJOURS SOURCE DE NOMBREUX PROBLEMES
CUIR ECOLOGIQUE, SIMILI CUIR, VERITABLE CUIR VEGETAL, CUIR VEGAN

     - Le cuir écologique
     - Le simili cuir
     - Le véritable cuir végétal
     - Le cuir végan

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

AU PALÉOLITIQUE

L’homme de Neandertal vivait déjà en Europe entre 450 000 ans et 25 000 ans avant notre ère. Ce fut sans doute le premier à utiliser les peaux de bêtes pour se protéger surtout du froid mais également de la pluie ou du soleil, selon les régions où il résidait et les saisons.
Les Néandertaliens furent les premiers humains à s’adapter réellement au climat nordique.

Ils parcouraient de longues distances en établissant des campements temporaires.
Ils chassaient le gros gibier, les cerfs et les rennes notamment mais également le mammouth.

Ils vivaient dans des huttes faites de branches, d’os et de défenses de mammouths, le tout recouvert de peaux de bêtes

Quand l’occasion se présentait ils occupaient également des grottes ou des abris rocheux, qu’ils pouvaient aménager également avec des peaux. Ci-dessous un des abris les plus connu où l'on retrouva bon nombre d'outils et d'ossements. La grotte de Cotencher, en Suisse, dans les gorges de l'Areuse, canton de Neuchâtel.

Il est clair que les peaux qu’ils auraient pu utiliser n’ont jamais été retrouvées, car, comme elles étaient simplement écharnées à l’aide de silex tranchants et façonnées avec des outils en os ou en corne, puis séchées à même le sol, le tannage n’existant pas encore, elles se décomposaient très rapidement au contact de l’air.
Les preuves de ces utilisations se trouvent dans les outils en pierre, en os ou en corne que l’on a retrouvés à l’endroit de ces campements: pointes en os, permettant le percement des peaux, ainsi que des côtes de cervidés, servant de grattoirs pour retirer les lambeaux et la graisse attachés à la peau
Pour cette époque, le tannage était encore très rudimentaire et on ne parlait pas encore de "cuir" mais de peaux de bêtes.
Il existait, à cette époque, deux types de "tannages primaires" pour assouplir, nettoyer et solidifier les peaux:

LE TANNAGE A LA FUMÉE (Premières utilisations il y a env. 50 000 ans)

On a remarqué à l’époque que les peaux qui servaient de toit à une cabane à l'intérieur de laquelle un feu était régulièrement allumé, se conservaient beaucoup mieux et ne pourrissaient pas par rapport à celles entreposées à même le sol ou à l'extérieur.
L’explication de ce phénomène a été donnée des siècles et des siècles plus tard, au début du Moyen Age : La voici : Toute peau renferme une protéine, le collagène. La fumée contient des aldéhydes et des phénols qui associés avec le collagène rendent la peau beaucoup moins putrescible. Et voilà, le tannage "à la fumée" était inventé.

On chauffe donc doucement la peau au-dessus d’un feu de bois vert en la retournant de temps en temps pour que le contact avec la fumée soit uniforme.
En associant au feu différentes essences d’arbres, on parvient à donner une première teinture sombre à la peau.
Par ce type de tannage, les peaux sont rendues plus souples et moins cassantes et résistantes à l'eau mais leur durée de vie reste tout de même très courte car la putréfaction n'est pas complétement neutralisée.

LE TANNAGE VÉGÉTAL (Première méthode)

Vers 10 000 ans avant JC, l’Homme découvre le tannage végétal (1) en constatant que les dépouilles des animaux qu’il laisse, après la chasse, au pied de certains arbres, ou aux endroits où se sont accumulés bois et écorces, se conservent mieux que si elles sont déposées ailleurs.
.
Il associe donc souvent ces 2 types de tannage (à la fumée et végétal) pour améliorer la conservation des peaux en les rendant davantage imputrescibles.
Le tannage végétal va être remplacé assez vite (1 millénaire et demi plus tard) par le tannage à l’huile mais reviendra en force environ 7 000 ans plus tard suite à la découverte de nouvelles techniques de tannage.

Pour davantage de clarté, vous pouvez voir cette vidéo relatant un tannage végétal associé à un tannage "à la fumée"

AU NÉOLITIQUE

A partir du début du néolithique, il y a 8 500 ans, l'homme devient plus sédentaire et se consacre de plus en plus à l'agriculture et à l'élevage. .Il cultive du blé, de l'orge du riz, du maïs, commence à tisser la laine de ses moutons, s'adonne à la poterie, à la vannerie, etc...Il n'a donc plus besoin de chasser pour se nourrir et élève de plus en plus d'animaux (vaches, moutons, chèvres, cochons) qui lui donnent de quoi se nourrir et dont il récupère les peaux. Il vit alors dans des maisons qu'il construit en pierre ou terre sèche, souvent recouvertes de chaume et réunies en villages.

C'est à cette époque que débute vraiment la valorisation des peaux de bêtes et leur transformation en cuir.

De nouvelles techniques de tannage sont progressivement mises au point mais leurs applications restent artisanales
Elles permettent de travailler plus rapidement et garantissent des résultats supérieurs au niveau des cuirs obtenus mais les conditions de travail sont particulièrement pénibles car on travaille bien souvent à mains et à pieds nus dans des cuves où les peaux baignent dans différents produits servant à les purifier à les assouplir, à les teinter à les rendre imputrescibles, entre autre. L’odeur qui se dégage de ces nombreux bains est très souvent nauséabonde surtout pendant les périodes estivales lorsque les "tanneries" sont en plein soleil.
Les cuves doivent régulièrement être vidangées et ces substances souvent dangereuses pour l’environnement sont parfois vidées à même le sol ou rejoignent une rivière proche.

Ces conditions de travail exécrables sont toujours appliquées de nos jours en certains endroits, en Afrique du Nord, par exemple ou dans certains pays asiatiques où il existe toujours des tanneries à ciel ouvert. Des mesures de sécurité sont maintenant de plus en plus prises concernant les conditions de travail des ouvriers, et la protection de l’environnement est davantage respectée.
Au Maroc, bon nombre de tanneries à ciel ouvert sont toujours en activité et le tannage se fait encore comme il y a des milliers d’années. Ces tanneries traditionnelles sont bien souvent visitables et parcourues par les touristes du monde entier.

tannage 1

A LA FIN DE L'ANTIQUITÉ, DÉBUT DU MOYEN-AGE

LES 7 ÉTAPES DU "TRAVAIL DE LA RIVIERE"

Dès cette époque, les nouvelles méthodes de tannage se perfectionnent de plus en plus et de nouvelles techniques apparaissent.
Entre le XIV et le XVIIIème siècle, les changements dans le vaste domaine des différentes formes de tannage ne sont pas officiellement répertoriés et il est impossible de suivre précisément cette évolution technique.
Il faut dire que les activités liées à la transformation des dépouilles animales étaient bien souvent taboues de la société médiévale et suscitaient des accusations contre ces pollueurs de rivières, surtout pendant les grandes épidémies.
Et pourtant, l’industrie du cuir a souvent compté comme un « secteur-clé » dans l’ensemble de l’économie, et cela pratiquement jusqu’au milieu du XXe siècle, en dépit du fait que cette industrie a longtemps gardé une structure artisanale, avec de petites entreprises employant de un à cinq ouvriers, des installations très peu mécanisées et une technologie qui offrait souvent des aspects « archaïques » malgré les nombreux changements et innovations techniques intervenus depuis le XVIIIe siècle.
Le répertoire des nouvelles méthode de tannage est donc imprécis et diffère d’une région à l’autre en fonction également du type de produits commandés car à cette époque l’éventail était assez impressionnant entre : Les pièce d’harnachement des chevaux, les récipients en cuir, outres, gourdes, seaux, sacs, boîtes, vêtements ou même sous-vêtements, lacets et ceintures, ou gants et chaussures. Il faut dire qu’à cette époque les artisans tanneurs travaillaient également beaucoup pour l’armée et l’agriculture.

Dès lors, les nouvelles méthodes de tannage étant de plus en plus perfectionnées, des travaux préparatoires sur les peaux vont être exigées avant le début du tannage proprement dit. Ces travaux sont effectués soit avant le transport à la tannerie, soit par les tanneurs eux-mêmes. Cela dépend, encore une fois, des régions et du volume de peaux à traiter.

Il s’agit des :

7 étapes du travail de "La rivière":

Le retaillage

Il faut ôter les bords de la peau car ils ne sont pas utiles. Il s’agit en l’occurrence des pattes, des oreilles ou de la queue. L’intérêt est d’obtenir une peau plutôt rectangulaire avec uniquement les parties qui pourront être utilisées pour confectionner des produits en cuir.

Le reverdissage.

C'est l’étape de réhydratation de la peau et du débarras de toutes souillures. Les peaux sont traitées dans des cuves remplies d’eau additionnée de produit alcalin (carbonate de soude), parfois d’antiseptique (pour éviter la putréfaction), puis rincées. Durée de l’opération : entre 24 et 48 h.

L'épilage ou pelanage.

Pour enlever chaque poil même le plus fin, la peau est plongée dans un nouveau bain appelé le pelain (solution aqueuse additionnée de chaux pure ou de sulfure de sodium ou une combinaison des deux) qui, dans une période de deux à trois jours, va ôter tout le pelage. On obtiendra alors un cuir parfaitement lisse, sans aucun résidu de poil.

L'écharnage.

C'est la technique d'élimination du tissu sous-cutané, des morceaux de viande et des graisses. Ceci est capital pour permettre aux tanins de pouvoir être utilisés facilement après la rivière. (Ces produits, appelés "carnasses" constituent les colles qui entre dans la fabrication de la gélatine)

Le chaulage.

Comme son nom l'indique, c'est le procédé d'extraire la chaux que le derme a absorbée lors de l'épilage. La peau est trempée dans une cuve remplie de solution aqueuse à base d'acides faibles ou de sels d'acide ou encore à base de sulfate d'ammonium. L'opération se termine par un rinçage.

Le confitage.

Cette action sert à assouplir encore davantage le cuir et la qualité de la fleur en dégradant les fibres élastiques et le collagène. La peau est passée dans une "façonneuse" et traitée à base de "confits" pour assurer une bonne conservation.

Le dégraissage

C'est la dernière étape de "la Rivière" qui permet de contrôler que toute trace de graisse animale a disparu car ces graisses empêcheraient la pénétration des tanins lors du tannage.

A ce stade, la peau blanche et visqueuse, appelée "en tripe" est alors prête à être tannée.

Pourquoi appelle-t-on cette préparation "La rivière"? Simplement parce que les premières industries utilisaient des cours d'eau pour tremper les peaux.
Les tanneries se trouvait en majorité au bord d'une rivière mais face au désastre environnemental que cela pouvait engendrer, le trempage en rivière fut finalement interdit et remplacé par un trempage en cuve et les eaux retraitées.

LE TANNAGE A L'HUILE (Première utilisation, il y a env. 9 000 ans).

Le tannage « à l’huile » est une méthode maîtrisée depuis le Néolithique. Dans ce processus. ce sont les acides gras insaturés présents dans l’huile qui vont interagir avec le collagène.
A l’origine, la cervelle de l’animal, sa graisse, son foie, les œufs, les huiles de poisson ou de mammifères marins se prêtent à cette opération. D’autres agents interviennent et « polymérisent » les fibres. Pour préparer ce tannage, le cuir était enduit de salive et mâché; il était ensuite « frotté » avec de la cervelle de l’animal.
Dans ce mode de tannage il s’agit de remplacer l’eau et les fragiles liaisons grasses présentes à l’intérieur de la peau, par des liaisons grasses plus stables. On obtient par ce procédé un cuir souple jaune orangé, très résistant à l’eau. Mais pour des questions de protection de l'environnement et des tanneurs qui devaient assumer ces différentes opérations, le tannage à l'huile fut abandonné et n'est donc plus guère utilisé de nos jours malgré ses bons résultats.

LE TANNAGE VÉGÉTAL (deuxième méthode)

Il fût mis au point dans l'Egypte antique et en Chine 3 000 avant notre ère mais arriva en Europe au Moyen Age seulement. Le tannage dit végétal est réalisé avec des matières astringentes telles que le tan (en langue gauloise: chêne). C’est le nom donné à l'écorce de chêne broyée et réduite en poudre. Le tannin est du tan ajouté à de l'eau pour faire un jus. On utilise également l'écorce de mimosa ou de châtaigner et différentes feuilles et racines.
Le tannage végétal (2) a bien évolué depuis le tannage végétal (1) puisque la durée de tannage est passée de 1 à 2 ans à 1 ou 2 jours surtout grâce à l'utilisation de foulons rotatifs remplaçant les fosses traditionnelles et à l'utilisation de poudres concentrées en tanin au lieu des traditionnelles écorces de chênes. Ce tannage semble à première vue parfaitement respectueux de l’environnement et de la santé des ouvriers qui le pratiquent, mais de moins en moins d’industries du tannage n’utilisent que des tanins naturels. Pour des questions de qualité du cuir fini, de résistance ainsi que pour accélérer le processus du tannage, de plus en plus de produits chimiques sont utilisés et la pollution engendrée par les traitements industriels est loin d’être négligeable.

LE TANNAGE AU CHROME

Il est récent (fin XIXème siècle). Si c'est le plus utilisé actuellement c'est aussi le plus respectueux des protections environnementales.
Il nécessite l’emploi de tanins minéraux : surtout des sels de chrome mais également des sels de fer, et de de zirconium… Ce type de tannage s’effectue par trempage des peaux dans des foulons, comme pour le tannage végétal. Cette technique de tannage est très rapide (de quelques heures à quelques jours), Elle produit des cuirs plus ou moins souples, selon les conditions opératoires, présentant une grande résistance à la traction et aux déchirures et supportant des températures élevées. Un autre avantage du cuir tanné au chrome est qu’il ne va pas bouger, la couleur n’évoluera pas avec le temps et toutes les couleurs, même vives peuvent être obtenues. Au niveau financier également il est moins onéreux.

Par ailleurs le cuir tanné subissant un tannage minéral est souvent pointé du doigt tout simplement parce que c’est un dérivé du chrome qui est utilisé et qui peut provoquer de sérieux problèmes de santé.
Voilà pourquoi, en plus des conséquences sur l’Environnement qu’ont les rejets d’eaux usées chargées en métaux lourds, le cuir tanné au chrome est décrié.

On peut donc affirmer qu'actuellement en Europe, au XXIème siècle, le 80% des tannages sont minéraux et le 75% au chrome. On parle donc maintenant plutôt de tannage industriel.

Si le tannage végétal et surtout le tannage minéral étaient et sont parmi les plus utilisés actuellement encore, il existe une multitude de méthode de tannage différentes (plus de 50) en fonction des régions, des végétaux à dispositions mais également des sortes de peaux (bovins, cervidés, reptiles) et des objets auxquels les cuirs seront destinés (maroquinerie, chaussures, meubles, lanières, etc…),
Citons en vrac : le tannage à l’alun, le tannage à la silice, au fer, au soufre, aux résines, etc…

Certaines méthodes de tannage ont dû être abandonnées par rapport aux mesures de protection de l’environnement ou pour des mesures sanitaires vis-à-vis des personnes qui travaillent dans ces tanneries.

Le cuir étant maintenant tanné, il faut encore le "finir" pour qu'il soit prêt à être façonné et plusieurs opérations sont encore à réaliser en tenant compte des caractéristiques recherchées selon le type d'objets que l'on veut réaliser

DU CUIR TANNÉ AU CUIR FINI

Le dérayage

Il permet d'égaliser l'épaisseur des peaux en les grattant, (un peu comme on utilise un rabot ou une varlope pour égaliser le bois), ou en les passant dans une sorte de laminoir. Le but étant de donner une même épaisseur à toute la peau

Le veloutage

Cette opération permet de transformer le cuir en "*velours". Cet aspect est rendu possible grâce à un léger ponçage ou meulage de la fleur du cuir

Le lissage ou satinage

Le cuir est alors passé sur un cylindre de verre pour obtenir un aspect plus brillant et lisse. Cette finition peut être particulièrement intéressante pour la fabrication de chaussures par exemple

Le grainage

.C'est l'impression qui s'effectue par pression d'une plaque gravée sur le cuir. Cette technique est utilisée pour créer un grain artificiel sur le cuir, ou pour décorer le cuir de dessins en relief.

Le liégeage

se fait au moyen d'une machine équipée de cylindres de liège ou à la main et permet d'amplifier l'aspect du grain sur la fleur.

Ci-dessous, un tableau récapitulatif des différents types de tannage à travers les âges.

EN 2021

Comme déjà signalé, on ne parle actuellement en Europe presque plus que du tannage végétal et du tannage minéral au chrome, ces 2 types de tannage étant les plus respectueux vis-à-vis de l'environnement ce qui ne veut pas dire que l'on utilise plus du tout des cuirs tannés selon des méthodes archaïques ou suivant d'autres procédé polluant qui peuvent être achetées dans certains pays.

LE CUIR ISSU D'UN TANNAGE VÉGÉTAL OU D'UN TANNAGE MINÉRAL; QUELLES DIFFÉRENCES?

Différences entre du cuir ayant subi un tannage végétal ou un tannage minéral :

Tannage végétal tannage minéral

Tanins : Utilisation de tanins végétaux : écorces, bois, racines, feuilles, fruits / utilisation de tanins minéraux : sels de chrome, aluminium, zirconium.
Temps de traitement : Quelques jours jusqu’à 1 mois / quelques heures jusqu’à l journée
Utilisation : Sellerie, mobiliers, maroquinerie, étuis, bracelets, semelles, tabliers / chaussures, vestes, maroquinerie, mobilier.
Aspect général : Cuir authentique, couleurs nuancées / couleurs unies, souvent vives
Couleurs : Naturelles /artificielles
Tenue des couleurs : Mauvaise tenue aux UV et aux frottements / presque inébranlable
Panel des couleurs : Limité par les tanins végétaux mais donne des couleurs profondes et chaudes / toutes couleurs artificielles
Couleurs : naturelles, Marron beige noire ou jaune, rouge, vert ou bleu mais atténuée / toutes couleurs

D'OU PROVIENT LE CUIR ET POUR QUOI EST-IL UTILISÉ ?

Bien que le cuir puisse provenir de peaux d’animaux exotiques, plus de 90% du cuir dans le monde est issu de quatre animaux différents :

62 % de vaches
10 % de moutons
10 % de porcs
8 % de chèvres

Au niveau mondial, le cuir est utilisé, en pourcentage:

52 % pour les chaussures
14% pour le mobilier
11% pour l’intérieur des voitures
10 % pour les vêtements
4 % pour les gants
9 % autres

LES DIFFÉRENTES SOURCES DU CUIR

Les peaux de vaches

C'est le plus utilisé au monde.
Ce dernier est idéal pour les vestes, manteaux, gants, selles, meubles, sacs, selles, sangles, bottes, chaussures,
meubles et garnitures et même les ballons de football !

Les peaux de porcs

La peau de porc est confortable, résistante à l’eau et hautement flexible.
Elle se prête à la production de gants, chaussures, vêtements de sport, sacs, ceintures, bottes et selles.

Les peaux de chèvres

La peau de chèvre crée un cuir à la finition lisse tout en étant durable. Il est plus souple que le cuir de vache.
Sa résistance à l’eau est très bonne également.
Le cuir de chèvre est utilisé pour relier des livres, ainsi que pour fabriquer des chaussures, des portefeuilles, des ceintures et des vêtements

Les peaux de moutons

Il s’agit de l’un des cuirs les plus souples et confortables. Le cuir de mouton vous gardera au chaud!
Toutes sortes de vêtements sont faits de cuir de mouton. Dans certains cas, la peau de mouton sera également utilisée pour fabriquer des pantoufles, des sacs, des chaussures, des tapis et des vestes.

Les peaux de cerfs

Les cerfs ont naturellement une peau dure et dense, ce qui donne un cuir solide et résistant.
Ce type de peau est utilisé pour fabriquer des robes, des pantoufles, des chapeaux, des chemises, des sacs, des portefeuilles, des gants, des revêtements, des articles de sport, des manteaux et des vestons.

Les peaux de bisons et buffles

Le cuir de bison est parfois utilisé pour créer des ceintures, des reliures de livres, des gants, des articles de sport, des vestes, des chaussures et des meubles.

Les peaux d'autruches

Le cuir d’autruche est exceptionnellement rare, mais c’est l’un des meilleurs cuirs sur le marché. Il est luxueux et durable, d’apparence exotique et bosselée.Il est particulièrement recherché pour la confection de bottes, de vêtements, de sacs, de portefeuilles, de tissus d’ameublement et autres chaussures

Les peaux de crocodiles ou d'alligators

Les peaux d’alligator et de crocodile sont solides et souples La présence d’écailles les rend uniques.
Elles sont surtout utilisées pour des sacs à main, des bottes, des ceintures, des portefeuilles…

Les peaux de serpents

Il existe des élevages de serpents venimeux destinés à la fabrication du cuir. Leur peau est fine, souple et délicate. Les peaux se trouvent habituellement sur les bottes, les portefeuilles et les sacs à main de designers.

Les peaux d'anguilles

Tout comme la peau de serpent, l’anguille produit un cuir fin et élégant, mais pas très résistant.La peau d’anguille est utilisée pour fabriquer des sacs à main et des portefeuilles.

LE CUIR, TOUJOURS SOURCE DE NOMBREUX PROBLEMES.

Comme expliqué plus haut, si les premières méthodes de tannage des cuirs avaient des retombées catastrophiques tant sur l'environnement que sur la santé des personnes qui les appliquaient, les méthodes actuelles se sont bien améliorées surout dans les pays européens alors qu'elles sont bien souvent toujours aussi précaires dans d'autres régions, telles que le Maroc, l'Inde ou la Chine par exemple. Mais même si des mesures sont prises en nos latitudes elles sont loin de ne générer aucune pollution, émissions de sulfure d'hydrogène, pesticides, conservateurs et solvants en tout genres, etc...

D'autre part, les défenseurs de la cause animale s'insurgent contre les conditions de mise à mort des animaux tués uniquement pour leur peau puisque tout est fait pour protéger la peau sans se soucier des conditions d'abattage des bêtes..
Là également si des contrôles sont fréquents dans plusieurs pays, c'est loin d'être le cas sur l'ensemble de la planète.
Résultats: Le prix des peaux transformées en cuir varie énormément entre celles provenant des pays respectant l'environnement et les conditions d'abattages et les autres de sorte que la majorité des cuirs présents en Europe provient de pays non respectueux.

CUIR ECOLOGIQUE, SIMILI CUIR, VERITABLE CUIR VEGETAL, CUIR VEGAN

Ces 10 dernières années, tenant compte des problèmes exprimés ci-dessus, de nouvelles techniques ont été développées, en Europe surtout, pour limiter au maximin les atteintes à l'environnement d'une part et d'autre part pour respecter le bien-être animal.

Précision importante: L'appellation "cuir végétal" peut fair penser que ce cuir est " fabriqué" avec divers végétaux; c'est faux. Il est simplement fait de peaux de bêtes qui subissent un tannage végétal traditionnel comme nous l'avons présenté ci-dessus.

Le cuir écologique

qui est aussi un cuir à tannage végétal mais sans traîtement chimique puisque à base d'écorces de mimosa, de feuilles, de pépins, de racines et autres plantes végétales. Il est donc beaucoup plus respectueux de l'environnement mais la période de tannage étant beaucoup plus longue, il est forcément beaucoup plus cher.

Le simili-cuir

est une matière de dérivation industrielle.
Il peut s'agir d'un produit totalement synthétique mais aussi d'un tissu qui aurait été "enduit" d'une matière synthétique et plastique comme le polyuréthane.
Ce cuir synthétique est issu de matières plastiques. Le seul avantage de ce cuir artificiel est son prix très avantageux et son entretien.

Le "véribable cuir végétal" ou "éco-cuir".

Richard Wool est un professeur et ingénieur américain récompensé en 2014 par le World Green Design Award, le grand prix des innovations écologiques. Il a conçu un « éco-cuir » en associant des matières naturelles comme le coton ou le lin avec le maïs ou le soja, ainsi qu'avec des huiles végétales. Le produit de ses recettes aboutit à une matière qui présente des caractéristiques similaires au cuir. Résistant à l'eau, perméable à l'air et robuste, l'éco-cuir coûterait moins cher en production et serait biodégradable. S'il n'est à ce jour pas encore commercialisé, les grandes marques de sport telles que Adidas ou Nike étudient sérieusement le sujet. Cette innovation technologique est décidément une alternative éthique et écologique qui promet à ce cuir végétal de faire beaucoup parler de lui dans les années à venir.

Le cuir végan.

Ce n'est pas du "vrai" cuir. Disons que c'est plutôt un cuir d'origine 100% végétale. Il est fait de différentes fibres végétales mélangées avec des fibres synthétiques. La plus courante est le polyuréthane, fabriquée à base de pétrole. La composition du "cuir vegan" n'est donc pas 100% écologique mais les conditions de fabrication de cette matière ne posent aucun problème pour les ouvriers et il n'y a absolument aucun danger pour l'environnement comme en témoigne le hall de fabrication ci-contre.

De nombreux végétaux peuvent être décomposés, puis recomposés à l'état de véritable cuir végétal. Les recherches sont de plus en plus importantes et la demande est en forte hausse. Les marques de luxe comme de prêt-à-porter s'arrachent ces nouvelles matières et il est possible d'imaginer que ces matériaux viendront concurrencer un jour le cuir animal traditionnel.

Actuellement, Il y a déjà plusieurs végétaux qui permettent de produire des matières ayant les mêmes caractéristiques que le cuir:

Citons:

le raisin le maïs le liège le champignon

André Beuret

Vos précisions et compléments à ce reportage seront reçus avec intérêt sur Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------